Aux frontières de la mémoire (avril 2015)

 

Robert Hainard peint par son père Philippe Hainard, © Fondation Robert-Hainard

 

Louvoyant à la frontière on passe et repasse des postes de douane aux barrières relevées que signalent à peine de vieux panneaux ou des guitounes vides. D’un côté de la frontière les images sont vives, le passé parle et s’incarne encore ; de l’autre côté (mais on va de l’un à l’autre sans crier gare) les images sont mortes, le passé muet et on se contente d’avancer avec inattention. On sort. Un héron gris raye de la ligne droite de son vol nos circonvolutions. On entre. L’échine douce du Jura tremble dans l’air brouillé où tout semble à nouveau faire signe et sens. On sort. On finit par ne plus savoir de quel côté de sa vie on se trouve, du dehors ou du dedans, de l’endroit ou de l’envers, de l’âge d’homme ou de l’enfance, de la Suisse ou de la France.

Tout recommence à Douvaine, côté français, dans une maison vide…

 

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