Vigie, décembre 2016

 

 

 

LA ROUTE CONTINUE

 

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Je me souviens de cet hiver où nous marchions sur la route à la lumière d’hiver.

Je me souviens du bois très noir où nous nous étions arrêtés, et de la lumière au bout de la route…

 

Cinq ans ont passé depuis ce souvenir dont l’image inchangée me revient, et c’est toujours, sur la route continue en laquelle on opère les coupures arbitraires des jours, mois, saisons, années, chapitres et souvenirs, le même étonnement devant la marche en crabe du temps.

 

« Était-ce vivre, cela, ou bien rêver ?…»

 

Je rouvre les carnets du Villard, dont je boucle aujourd’hui la neuvième année : le même décor désormais qui unifie tout à bon compte, les mêmes repères, avec de loin en loin la silhouette effacée de ma mère qui passe, et les enfants qui grandissent, le soleil de plus en plus vif, la vie qui grandit, qui s’amenuise.

 

En compagnie d’Alain et Suzette on avance sur la route de Prodin, sur le versant nord de Belledonne où le soleil n’arrive guère (pourquoi n’ai-je pris de cette marche que des clichés flous, ternes ou surexposés ?). Givre dans les ornières, route blanche, ciel sans nuages, sans oiseaux, forêt sans odeurs et sans bêtes – juste une souris morte.

 

Puis les enfants retrouvent leurs amis Martin et Prune revenus, pour quelques heures seulement, du Canada, et jouent dans les ruines, jouent dans la nuit, jouent encore au matin autour du bassin gelé du village (« et Clément a pris un bâton pour essayer de casser la glace, tu sais ! ») comme si le temps ni l’espace ne les avaient séparés et ne devaient le faire, à nouveau, dans quelques heures – le temps d’écrire ces lignes et ils sont repartis.

 

On fera du feu à la maison ce soir. On passera ensemble une soirée paisible, ayant ajouté un chapitre de plus à la chronique de nos années banales et lumineuses.

 

Je souhaite à tous une soirée, une année paisible, banale et lumineuse autant qu’il est possible – et que la route continue.

 

31 décembre 2016

 

Vigiedécembre2016JVasca

 

   

 © Lionel Seppoloni, tous droits réservés.

 

 

 

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