“Un livre attachant sur une recherche intérieure au contact de “l’infamilier”, si j’ose dire, toutes attaches rompues, et avec l’écriture (en l’occurrence ici riche et précise) en ligne de mire, comme point d’ancrage désiré…”
“Sept années en Guyane, de Maripasoula à Cayenne. Lionel en a fait un beau livre. Le récit, description d’un pays dur et en déshérence, d’une nature foisonnante, avec des aventures et des morts. Mais aussi et surtout, le récit d’une initiation, l’histoire d’un jeune lettré, faussement sédentaire, confronté à un monde radicalement différent. Et puis, peut-être le volet le plus fort, l’histoire d’une amitié improbable, maladroite, mais sans doute in fine fertile. Un livre beau et touchant.”
Fruit d’un séjour de sept ans en Guyane et de plusieurs années de silence, L’éloignement – voyage au pays sans nom, est paru le 18/10/2014 aux éditions Mutine (Cessey-sur-Tille, près de Dijon) – 259 pages, 18 euros, format 14×21 cm, ISBN 978-2-911-573-74-3. Disponible sur le site de l’éditeur ou ici.
On peut écouter ci-après un extrait du chapitre “Fêtes funèbres en pays wayana” lu par une nuit de pleine lune d’avril 2014 en Camargue avec la participation d’Yvan Dendievel (Évariste Champion) à la clarinette et de quelques milliers de batraciens, ainsi qu’une lecture de quelques-uns des poèmes qui ponctuent le récit (Face au mur – Fêtes funèbres en pays wayana – Soudain le silence – Dans le ventre des mots déposer la douleur – La table – D’où tu viens ? – Les paresseux – Géographie incarnée – Dans l’urgence, ce cri – La soumission). On peut voir la présentation du livre faite à la journée portes ouvertes des éditions Mutine en mars 2015, et une lecture organisée à Allevard en mai 2016.
4ème de couverture :
Un jeune lettré hanté par le rêve d’une vie plus vaste et l’obsession d’écrire, part enseigner en un pays lointain. Le premier lieu de cet exotique éloignement est aussi isolé que brûlant, peuplé de chiens jaunes et de coqs délirants… Les épreuves ne tardent pas à le flanquer par terre ; l’écriture plus ou moins le relève. Il se tourne alors vers les hommes de la forêt et du fleuve, derniers gardiens de possibles « chemins de sortie », mais là aussi les pistes sont des impasses.
Installé désormais en un nouvel et plus paisible ermitage, notre lettré-professeur recueille sous son aile un Indien de ses élèves, vagabond déraciné autant que silencieux en qui il semble se reconnaître. Au miroir de cette amitié improbable, il relit sa propre enfance, ses propres silences. Puis le récit se tait.
Un manguier préside à sa renaissance en cette troisième et dernière demeure qui est aussi celle de l’écriture. Ici se rejoignent les chemins parcourus. Écrire est maintenant possible. Donner, et donner d’abord toute sa place au « beau désir de dire ». Mêlant étroitement itinéraire géographique et cheminement intérieur, ce livre invite chacun à chercher, à travers lui et par-delà les mots, son propre chemin.
« J’avance à pas lent dans ce pays nouveau dont j’oublie à mesure le peu que je savais. Ce pays (Afrique, Asie et Amérique en lui s’entremêlent), permets-moi, ô lecteur, d’en voiler encore un peu le nom derrière une brume d’anonymat qui ne t’abusera pas, mais qui évitera peut-être quelques malentendus. Derrière le nom officiel et son cortège de représentations préconçues, se murmure un autre nom plus secret et plus vague qui échappe à l’Histoire ; pour moi, avant d’être ce qu’il est (et si parlant puisse-t-il devenir), ce sera donc « ce pays de feuilles et d’eau » (ces mots seuls suffisent à ma ferveur), ou bien « le pays de la Grande Forêt » : un vert de la carte mentale, un espace de fiction vive entrouvert dans le crâne, en lequel seuls le rêve et l’écriture peuvent prétendre se frayer un chemin.
En ce pays sans nom où ton sol se dérobe, patiente, patiente ! Si le temps te semble long, si tu te sens perdu (dieu sait si je le fus), s’il te vient l’envie de rebrousser chemin (une telle possibilité m’était heureusement interdite), si la raison de ce verbeux voyage ne te semble pas claire, arme toi de patience. À celui qui voulait faire l’économie de se perdre ne fut offert qu’un tombeau confortable ; à l’ami des lenteurs, des déroutes, des détours − l’Eldorado peut-être, la Grande Réconciliation, ou le Temps retrouvé.
Mais patiente, patiente encore. N’espère rien, aucun Eldorado. Tâtonne avec moi dans le noir, scrute, transpire, renâcle, accroche-toi à la forme, aux figures, aux lueurs, aux moindres courants d’air filtrant entre les phrases : c’est cela qu’il faut faire, cette suante ascèse. D’image en image, accablé de chaleur, écrasé par ce présent qui abolit les temps, dédaigneux des cadastres (d’ailleurs ici si plaisamment lacunaires), avançons de conserve dans ce pays sans nom dont il faut oublier tout ce qu’on attendait. »
(extrait, pages 15-16)
SOMMAIRE DU LIVRE
PROLOGUE AU VENT D’ÉTÉ
PREMIÈRE PARTIE : LA CABANE AUX COQS
Naissance et mort d’un voyage
1. Première traversée (l’océan)
2. En ce pays sans nom
3. Deuxième traversée (la forêt)
4. Les ombres
5. Nuits paisibles
6. Incertain au bord du fleuve
7. Dans la fournaise
8. Gens d’ici et d’ailleurs
9. Abdallah, remous et illusions d’optique
10. Fête familiale
11. Le couac
12. De l’ornithologie comme exercice spirituel
13. Premières leçons de la forêt
Chutes avec et sans filet
1. Octobre, morte saison
2. Piayé !
3. Le radeau et la mer (1)
4. Le radeau et la mer (2)
5. Le radeau et la mer (3)
6. Chute sans filet
7. « Vos luttes partent en fumée… »
8. Chute avec filet
9. Face au mur (chute sans filet, 2)
L’amour, les couleurs et la beauté du monde
1. « L’amour, c’est beau… »
2. À travers le vert sombre et le gris
3. Journée morte
4. « La beauté est partout » (Antonioni en Guyane)
5. Le singe rouge
6. Le chat roux
7. Note sur le temps vivant
8. Le vélo orange
9. L’expédition
10. L’amour
Deux « chemins de sortie »
1. Derniers bals en pays aluku (à Jean Blakaman)
2. Fêtes funèbres en pays wayana (à une jeune fille morte)
Lignes de fuite
1. « Fuir, là-bas, fuir… »
2. Vols sans violence
3. Ce qu’on a perdu et ce qui reste à perdre
DEUXIÈME PARTIE : L’ERMITAGE AUX BANANIERS
L’enfance
1. Perdu !
2. L’ermitage au bananier
3. 10 septembre 2001
4. Les trois mondes
5. Saison sèche, morte saison
6. La balle
7. Au miroir de la classe
8. L’autre monde
9. Aux sources de la présence (de l’enfance, autobiographie I)
10. Au village palikour
11. Portrait d’Éliton à treize ans (deux ou trois choses que je sais de lui)
12. L’écolier et la vie
13. L’eau et la glaise
14. Le travail et la vie
15. Retrouvé !
L’adolescence
1. Retour au chemin rouge
2. Le feu
3. Le coq de roche
4. Voyage au bout du rêve (de l’adolescence, autobiographie II)
5. « Un saut en parachute »
6. « La tentation du bonheur »
7. Palikour et Brésilien
8. L’agression
9. Notes de la gouille
10. Notes en prison
11. Notes aux urgences
12. Les menaces, le Mont-Blanc
13. Maître et disciple
14. Un Grillon à la mer
15. Fragments d’un naufrage
16. Notes de la gouille (2)
17. En prison
18. Notes du chemin gris
19. La dernière fugue
L’éloignement
1. Soudain le silence
2. Cauchemar (1)
3. Gloses pénitentiaires
4. Cauchemar (2)
5. La dernière chambre
6. Ces jours sans lumière (notes de l’ermitage, 1)
7. Une machine à écrire (des années noires, autobiographie III)
8. « Quartiers lointains »
9. Nocturnes (notes de l’ermitage, 2)
10. Au cœur blessé, au cœur battant (à Nicolas Bouvier)
11. Cauchemar (3)
12. Un pèlerinage
13. Cauchemar (4)
14. Dans les décors d’autrefois
15. Dans le ventre des mots déposer la douleur
16. Sur les cendres du rêve (dernières notes de l’ermitage)
TROISIÈME PARTIE : LA MAISON AU MANGUIER
Vieux Chemin
1. Le sablier
2. « Ici présent » (lettre à Jean-Pierre Abraham)
3. Renouer avec les rivages
4. Le Fou de Bréhat (Bretagne, Les carnets du rivage, 1)
5. Maître Manguier
6. Souvenirs du vieux merisier (des années blanches, autobiographie IV)
7. Écrire à marée basse (Rémire, Les carnets du rivage, 2)
8. Un totem aux Orcades (Écosse, Les carnets du rivage, 3)
9. Ma datcha tropicale (Tarkovski en Guyane)
10. Mes balcons en forêt
11. Le cycle
12. L’Indien et le héron
13. La faille
14. Au centre du monde (Algodoal, Les carnets du rivage, 4)
15. Là-bas, absent
16. La table, l’araignée et les lumières du soir
17. La table
Chemins neufs
1. D’où tu viens ? (à Léo)
2. Le merle
3. En relisant Leiris
4. Les paresseux
5. L’odeur des mombins
6. Rio Claro, la lumière, la beauté (Pantanal, Les carnets du rivage, 5)
7. Le cri du coendou
8. Des vieux mystères
9. Le chemin neuf
10. La première chambre
11. Quatre images sur la cheminée
12. Le passé vivant (Nathalie Sarraute)
13. « Où s’en va cet avion qui passe ? »
Chemins sans chemin
1. Le Déluge en mai (Les carnets du départ, 1)
2. Géographie incarnée (Les carnets du retour, 1)
3. Le Jardin (Les carnets du départ, 2)
4. Quitter la beauté (Venise, Les carnets du rivage, 6)
5. La pluie sur le toit de tôle (Les carnets du départ, 3)
6. Soudain l’averse (Notes du monastère, 1)
7. Ce qui inquiète, ce qui rassure (Les carnets du retour, 2)
8. Le chêne et le manguier (Madère, Les carnets du rivage, 7)
9. La panique et le rite (Les carnets du retour, 3)
10. Chemin sans chemin (Les carnets du retour, 4)
11. Le démon (Notes du monastère, 2)
12. Le temps est venu d’habiter
13. Théogonie
14. Dans l’urgence, ce cri (à Clément)
15. La soumission (à Vahé Godel)
16. Le dernier feu (Les carnets du départ, 4)