Vigie, janvier 2017

 

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Dixième année de ce journal extime & informel de mon habitation au Villard – et l’on se dit qu’il faudrait songer à rassembler tout cela sous une forme condensée et lisible, ainsi que je l’ai fait pour La route ordinaire… à moins que je n’attende encore dix ans, ou vingt ans, ou trente ans de plus ?

Ces traces, donc, d’un janvier d’abord dur et glacial qui s’achève dans la pluie molle ; ces traces du dernier mois de travail sur La Route ordinaire ; ces traces pour se souvenir de quelques rêves et cauchemars, et du premier éclat de la trompette… (Relisant ces lignes un an après : naturellement je ne savais pas, je ne pouvais pas savoir, quel processus de destruction s’était alors à mon insu déclenché, quel mal était entré dans la maison, et je ne pensais qu’à mes livres, aux enfants, à la musique ; la page du 29 janvier – je croyais cet événement plus récent – cependant me ramène à l’évidence : ce jour-là, sans rien savoir, j’ai compris, je l’ai dit, sans y croire. Un récit de ce petit désastre se devrait de commencer par là : la panique sur l’autoroute de nuit, la certitude d’être revenu aux pires moments de L’éloignement, la détresse, puis l’incroyable consolation de la musique sitôt que l’enfant et moi fûmes installés sur les fauteuils rouges du vieux Casino ; un an après, je constate que je n’ai fait que m’enfoncer toujours plus loin dans ce puits de douleur et de douceur, la musique, ma cave, mon rôle de pauvre cave ; trois ans plus tard je tente d’en faire un roman…)

 

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