Notes de voyage : Munich, été 2019
Un voyage de plus, un voyage encore, avec ce que cela suppose d’agréments possibles et de désagréments certains, de pesanteur à vaincre et de légèreté à atteindre, d’images jetées en vrac dans la besace toujours percée de la mémoire – pour quel profit ?
Un voyage familial encore, sans risques ni trop d’efforts (encore que parcourir des kilomètres d’asphalte, de pavés, de graviers, d’escaliers et de parquets cirés reste aussi cuisant pour les pieds qu’une longue randonnée), pour montrer l’ailleurs aux enfants et soi-même voir défiler les trains, les gens, les nuages, prendre le pouls du monde et la mesure de la grandeur ou de l’horreur humaines, tenter enfin de sécher les crachins de la météo intime au soleil du dehors, tenter peut-être de relier le présent au passé pour préparer un avenir, voire (mais c’est trop demander) retrouver une direction.
Un voyage en Allemagne, pas très loin, une petite escapade à Munich, où on n’est jamais allé, à l’invite de deux amies très chères et en écho à certaines paroles qui me vantaient la qualité des musées et la douceur de vivre dans cette ville pourtant tellement meurtrie…
Ainsi on repart en trio – father and sons – avec dans le sac le carnet et le téléphone qui sert dorénavant d’appareil photo, histoire de garder quelques traces, car Proust a beau dire que l’écrivain qui tente de prendre des notes comme le peintre fait des croquis est « perdu », parce que les images et les mots ainsi figés sont un obstacle au mouvement libre de la « mémoire involontaire » qui seul permet d’atteindre à une réalité vivante, on a pris cette manie à laquelle néanmoins on ne cédera cette fois que très peu, non parce qu’on est raisonnable mais parce que le rôle de parent unique impose une vigilance qui supplante tout le reste.
Un voyage, donc, à Munich via Paris, d’abord dans la chaleur caniculaire d’un juillet électrique…