Vigie, octobre 2023

 

Le temps qu’il fait est un problème

 

 

Pendant des années je me suis un peu moqué de mon obsession pour le temps qu’il fait et les variations des saisons, comme s’il s’était agi d’une préoccupation futile ; au train où vont les choses, on ne parlera pourtant bientôt plus que de cela, semble-t-il : de cet été qui empiète sur le printemps et l’automne, de ce mois d’octobre qui ressemble au mois d’août ou ne ressemble à rien, de ces vagues de chaleur qui n’en finissent pas, de ces lieux familiers qu’on ne reconnaît plus parce que les températures, la lumière, l’hygrométrie ont été tellement chamboulées qu’on se croirait dans un monde parallèle.

Revenu du travail, je laisse à Rimski l’initiative de l’itinéraire, si bien qu’on se retrouve à remonter le Nant. Des girolles poussent ici, dans des endroits où je n’en avais jamais vu, en quête sans doute d’humidité. Le souffle du torrent fait oublier la fournaise du champ. Je remonte le Nant, mais je peine à retrouver mes repères emportés par les crues et décrues successives. Ici ou là on trouve des coquilles d’œufs fraîchement brisées qui confirment d’autres observations : beaucoup d’oiseaux procèdent à de nouvelles couvées. Je ne reconnais pas ces champignons visqueux qui poussent dans la pente, ni ceux-là, couleur brique et tout luisants.

Dès qu’on remonte la chaleur nous rattrape. Une souris s’enfuit en faisant grésiller les feuilles. Même les coulemelles ont fini par se réfugier à l’intérieur du Grand Creux, en quête de fraîcheur.

02/10/23

 

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