Ces quelques notes griffonnées dans le carnet bleu ont été écrites au présent, mais vécues au passé tant il semblait évident que ce voyage était le dernier. Une fois passée la peur de le voir interrompu – et d’avoir pu le mener jusqu’au bout reste au moins un motif de satisfaction –, cette certitude de la fin n’en a pas entamé mais renforcé l’intensité. S’il a clos la longue série des voyages que nous avions fait ensemble avec elle, il sert aussi désormais de maître-étalon pour mesurer la valeur de ceux d’après. Il est comme une croix marquant le col après lequel il faut redescendre en laissant derrière soi nos rêves de hauteur. Sur le chemin des crêtes il est le dernier cairn. J’y reviens et j’y reviendrai souvent dans les rêves, en pensée, en train à grande vitesse ou bien en écrivant…
Le Villard, mai 2015