Vigie, mai 2023

 

La confusion

 

 

Vraiment, je suis confus. L’odeur de poudre et de miel des pissenlits me monte à la tête et trouble mon esprit. Cette forme sombre qui passe sur les hautes herbes autour de la gouille, je ne sais plus si c’est l’ombre d’une corneille ou la corneille elle-même, et si je regarde l’eau dans cette folie baroque je ne sais plus non plus où est le reflet, où la réalité, où l’envers et où l’endroit. Quant à l’aigle qui tourne dans le ciel vaporeux, comment savoir s’il monte ou s’il descend ? L’odeur des bouses chauffées par le soleil qui tant rappelle l’imminence du grand abandon de l’été m’amène au bord de l’évanouissement, et sans le mouvement mécanique de la marche je tomberais et je m’endormirais. Hébété je regarde passer l’apicultrice en tenue de moniale, et cette roue sans voiture qui vient s’échouer comme naguère en contrebas de ma route ordinaire. Le ciel mauve s’obscurcit. Sans le vouloir je bouscule en passant les cornes d’une limace. Je m’excuse, pardon, vraiment : je suis confus.

(Premier jour de traitement antihistaminique, penser à diminuer la dose.) 

03/05/23

 

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