Vigie, mai 2020

 

 

 

Rêve en trois actes

 

 

Vigiemai04

 

 

1. Le repas de famille.

Me voici à table avec la famille de Montluçon, sans ma grand-mère mais auprès de ma mère. Chacun bavarde paisiblement quand voici venir le foie gras. Mon père murmure à ma mère d’en prendre quand même. Je proteste à voix haute : « Moi, je n’en mangerai pas et j’assume ! Elle a tout à fait le droit de refuser d’en manger ! » Aussitôt le repas se tend. S’en suivent des moqueries sur ma sensiblerie supposée, puis un débat enflammé sur les bêtes qui ne sont que des bêtes – débat que je gagne par une plaidoirie sur la souffrance universelle des vivants. Les autres ne sont pas convaincus, mais la fête est gâchée à cause du foie gras alors, on n’en servira plus. Je suis content de moi.

 

2. Une sortie en mer.

Pour se venger peut-être, mon oncle m’entraîne dans une sortie en mer par gros temps. Dans le rêve, comme souvent, je ne suis pas adulte mais adolescent. La mer est très agitée et je suis terrifié, car je dois monter avec Léo dans une sorte de barque à demi immergée qu’un vieillard hilare semblable au marin écossais du Grand alibi d’Hitchcock mène comme un diable entre les vagues en disparaissant littéralement sous l’eau comme s’il nageait la brasse. Nous sommes trempés, mais cela m’amuse finalement beaucoup.

 

3. Enlèvement à Belém.

Nous voici réunis dans une baraque en bois au Brésil, je pense, et c’est encore le moment du repas. Ne reste plus que le noyau familial, les parents, les enfants, je ne sais plus. Deux femmes étrangères se sont introduites dans la maison (l’instant d’avant c’était deux voisines du Villard qui faisaient preuve d’un certain sans gêne en venant s’installer chez nous). Ces deux femmes veulent faire le service pour gagner de l’argent, sans doute, en nous forçant la main. Je finis par les mettre à la porte, mais je les soupçonne d’avoir dérobé des objets et l’affaire semble louche.

On les retrouve le lendemain lors de la visite d’un musée, accompagnées cette fois de deux hommes. L’une est habillée avec la robe de Vertigo, l’autre avec celle de Rebecca. Elles pulvérisent un parfum que je comprends être un narcotique. Je retiens ma respiration et parviens à m’enfuir en titubant au milieu des voitures (cette fois c’est la fuite de L’étau), mais tous les autres membres de la famille sont enlevés. Je me rends dans une sorte de commissariat où tout le monde se moque de moi quand je raconte l’enlèvement. Il y en a tellement, des enlèvements ! Je comprends qu’il faut que je mène l’enquête moi-même, dans cette ville inconnue que menace la montée des eaux (parfois une vague traverse la rue, comme au ralenti, aussi paisiblement qu’une troupe d’écoliers). Je suis dans le rêve tous les détails de l’enquête, jusqu’au dénouement : « Ce sont des théâtreux, bien sûr, ces petits malfrats maladroits ! Ils n’ont plus rien pour vivre, alors ils enlèvent des gens et demandent des rançons… » Je reconnais les acteurs, tous espagnols, localise leur repaire, et parviens à délivrer tout le monde juste avant la sonnerie du réveil.

Ce rêve incroyablement précis était une recomposition étonnamment cohérente des films d’Hitchcock revus ces derniers temps avec les enfants, mêlés aux parfums du Brésil ou d’une île qui était peut-être aussi le Cap Vert, car j’ai écouté tout un concert de Cesaria Évora hier soir… Il était aussi palpitant à vivre qu’un bon film.

 

 

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