Route, octobre 2013

 

 

 

DE LA MAISON AU CIMETIÈRE

 

 

Aujourd’hui on est dans le brouillard, cerné par les nuages. Les gyrophares des grumiers clignotent dans la pénombre. On sent en soi comme un faux contact. Une lampe, un moteur qui peinent à s’allumer. Dans les jardins les grands soleils orange commencent à faner. Ce qui fait aussi en soi comme un brouillard c’est sans doute la somme de toutes ces choses qu’on aurait dû faire et qu’on n’a pas faite, tout ce temps mal utilisé, et ce panier percé des jours qui systématiquement laisse échapper le plus précieux. C’est un peu comme tenter de jouer de l’accordéon avec un soufflet percé ou des doigts pleins d’arthrose.

Les villages cependant sont encore allumés. Les écoliers, les collégiens convergent vers les arrêts de bus et un homme passe, très affairé, les yeux rivés sur son portable. Tout cela pris dans le brouillard, l’humidité, la douceur d’octobre. Tout cela banal et touchant.

Je traverse encore ce tunnel d’arbres. Je ne suis pas en retard. J’avance prudemment. Je vais de la maison au cimetière.

 

1er octobre 2013

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