Route, octobre 2013

 

 

L’INATTENDU EN OCTOBRE

 

Lumière de face, couleurs partout, je redescends ma vallée en cette fin d’après-midi de plein automne. Accaparé par les tâches quotidiennes, acculé aussi par ces blocages habituels qui entravent toujours autant le mouvement, je peine à écrire, à rentrer dans la flamboyance de ce bel automne. Partir faire les courses offre peut-être une occasion de brèches. L’occasion en tout cas de voir le soleil de quatre heures dorer la crinière du petit poney Shetland qui broute dans un pré brun comme lui. On peut encore rouler fenêtre ouverte et se laisser émouvoir par ces parfums d’automne. Ce liseré blanc qui entoure les nuages gris-bleu aux formes ovoïdes comme des soucoupes, on peut sans doute l’expliquer scientifiquement ; je me contente d’en souligner le caractère inattendu.

L’inattendu. C’est une fois encore cela que je guette, cela auquel je me raccroche. L’inattendu d’un bosquet de sumac d’un rouge incendiaire. L’inattendu de ce tilleul orange resté vert en son milieu comme un gâteau brûlé à l’extérieur et pas encore cuit à l’intérieur. L’inattendu d’un visage, d’un paysage, de ce château perché là-haut qui se découpe sur fond de ciel bleu vif. Et toujours l’inattendu de l’accident, qu’on espère éviter.

 

25 octobre 2013

 

 

© Lionel Seppoloni, tous droits réservés.

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