Vigie, juin 2010

 

 

 

 

L’ORAGE EST LOIN, TU SAIS…

 

Brûlante après-midi d’été. Je corrige les copies du bac, installé au bureau. On entend au loin la rumeur de l’orage. Je me dis que ce sera comme toujours une interminable attente, que le tonnerre n’en finira pas de gronder avant que n’éclate, en fin d’après-midi, une averse brève et violente. C’est toujours ainsi, je ne suis pas pressé. Par la fenêtre ouverte j’entends la chienne qui gémit : je la laisse dehors car j’ai lavé le sol et fait le ménage (Rose-Marie arrive tout à l’heure, ramenée de Chambéry par Nathalie). Je vais à la fenêtre : patiente encore un peu, ma pauvre chienne, va faire un tour, l’orage est loin tu sais…

Le chien perçoit clairement ce que l’on voit à peine…

Soudain on croirait un tonneau percé, une averse tropicale pareille à celles qui s’abattaient sur les toits en tôle de Guyane. Je dévale les escaliers, fais rentrer la chienne terrifiée (boue partout), me précipite sous cette pluie battante pour rentrer le fauteuil, le hamac, le linge déjà trempé, dérapant, perdant mon short et mes tongs… 

Une scène bien cocasse, en somme.

L’orage est là. Je reste à la fenêtre à regarder la pluie. J’écoute le tonnerre gronder. Je ne sais plus l’année. Le spectacle est superbe, que je salue d’un coup de conque.

(Plus tard, passé l’orage, de petits nuages filent sur la route comme une procession de moines Chartreux en bures blanches.)

 

29 juin 2010 

 

 

© Lionel Seppoloni, tous droits réservés.

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