PARTIS LE CŒUR LÉGER
Je quitte un peu trop tôt la maison silencieuse. Je la laisse à ses bêtes qui dorment, à ses jouets et à ses doudous abandonnés. Je repars lentement sur la route. Je croise Annick et Joël qui peinent visiblement à ramener leurs brebis dans le nouvel enclos. « C’est un métier, berger », s’est exclamé Joël, qui a plutôt l’air d’en rire…
Grand soleil, très belle lumière de début d’automne. Finalement je suis parti au bon moment, avec la lumière. Le feu rouge des travaux permet d’apprécier pleinement la douceur de cette lumière un peu jaune sur les mousses forestières. Beau bois, belle forêt. On entend presque le murmure du vent dans les feuilles des hêtres. Puis on repart entre les taches de lumière et d’ombre. Façades ensoleillées. Pas un nuage. Les bas-côtés bien nettoyés.
Ce matin pour la première fois, Clément a pris le bus avec Léo. Combien de fois l’ai-je ainsi amené au bus sans qu’il puisse y monter ! Il rayonnait. Crô, la corneille de River, croassait juste au-dessus du bus comme pour le saluer. Ils sont partis le cœur léger.
Les travaux de réparation de la route qui s’était effondrée sont maintenant finis, semble-t-il. On passe, un peu inquiet, en considérant de biais le gouffre. Là-haut les crêtes, les Grands Moulins, les souvenirs de l’été.
Elles sont toujours là, ces ruches rouges dans l’herbe verte.
À l’intérieur des bogues, les châtaignes mûrissent.
La très vieille femme, appuyée sur sa canne, traverse en plein soleil.
De tout petits enfants jouent avec leur draisienne dans la cour de l’école.
On a tondu de près le terrain de football.
La vieille croix rouillée brille sur le côté gauche.
Les larges poteaux de béton semblent fragiles.
Une feuille descend très lentement d’un arbre.
La voiture vibre.
Il fait froid et j’ai envie de pleurer comme un petit enfant.
Le stop du cimetière.
Envie d’envol et besoin d’hirondelles : elles sont encore là − un seul couple qui voltige dans l’air limpide.
Un camion vient approvisionner une maison en granulés de bois…
4 septembre 2013