Route, septembre 2013

 

 

DES SIGNES EN PASSANT

 

 

Ce sera encore une très belle journée d’automne. Toute la partie supérieure de la Chartreuse est teintée de rose. Le reste de la montagne et de la vallée demeure dans l’ombre, dans cette ombre bleutée qui précède et annonce une journée de grand soleil. 

Ce matin encore je vais parler des aubergines de Matisse. Puissé-je éprouver un peu de la joie que je tenterai de transmettre. 

Le Verneil ce matin prend une coloration rouge. Le vieux chien de la ferme dort sur la route, comme à son habitude. Des pensées papillonnent dans l’air encore froid, qui ne parviennent pas à se condenser en nuages et restent à l’état de fumées vite effacées. Là-bas au loin le pastel des Bauges me renvoie encore au passé, au dernier concert de l’été : l’anniversaire de Nathalie à Bellecombe-en-Bauges. Ce mur aussi que je longe renvoie au passé. 

On ne s’enfonce pas encore dans l’automne, on le traverse doucement comme en barque. Les feuillages ont déjà bien terni. Du jaune et du rouge s’allume ici ou là. 

Avant-hier on est parti dans les champs pour ramasser des lépiotes avec les enfants, ces lépiotes que Clément s’obstine à nommer des loupiotes. On a fait ensuite un repas aux chandelles… 

À la Chapelle du Bard je croise encore Lucas et Léna qui me saluent. Ce simple signe me touche, me rassure, me fait chaud au cœur. Un peu comme si d’un seul coup la route, le paysage, le pays me reconnaissaient et s’adressaient à moi. (Ce que je ne saurais endurer dans le métier qui est le mien : l’hostilité, l’indifférence.)

 

18 septembre 2013

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