Vigie, septembre 2009

NUIT D’ORAGE

Nuit d’orage, crépitements sur le toit et la vitre. Comme il suffit de peu pour que tout vacille ! Un rhume, un peu de fatigue, une nuit d’orage, et l’on mesure aussitôt la disproportion qui demeure entre la force nécessaire pour aller jusqu’au but et sa propre défaillance.

J’accueille comme je peux la défaillance. Je mise tout sur une intuition, un fragment de santé à peine ressentie, rêvé peut-être — cet arpent de ciel bleu entrevu.

Je reprends la posture, respirant entre deux kleenex, m’obstinant.

Il ne sert à rien de se répéter que le but est à mille kilomètres et qu’on sait à peine marcher alors qu’il n’y a pas de but ni de chemin, mais seulement la pluie qui crépite.

Quelques mots pour maintenir la posture, garder la tête droite, bomber le torse, rouvrir les yeux — et respirer tout en reniflant.

Nuit d’orage, puis l’apaisement. À mes côtés Nathalie lutte contre les nausées, la fatigue, tous ces bouleversements du corps que, dieu merci, je ne connaîtrai jamais. L’arrivée de la vie déjà semble souffrance ! Puisse au moins ce nouveau venu parcourir sans violence les quelques mois qui le séparent de nous. On l’accueillera comme il se doit, avec tout l’amour qu’on porte.

Nuit maintenant paisible. Les drapeaux bariolés pendent devant la fenêtre, immobiles, trempés. Je reprends la posture, rasséréné.

20 septembre 2009

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