Vigie, septembre 2009

FENÊTRES EN SEPTEMBRE

Une clarté blanche fuse des fenêtres fermées cependant que s’atténue l’averse.

Silence.

Vu tantôt au bord de la route, en plein jour, un très gros sanglier qui a détalé lourdement à travers champs : image automnale, bien terrestre, qu’on savoure dans le calme céleste de la pièce.

Un geai traverse devant les châtaigniers tout verts, qu’on sent déjà jaunir, qu’on imagine nus.

On se prépare à cette nudité.

*

Temps doux et gris, ciel brouillé, quelques trouées de jaune déjà dans la forêt. Des heures durant on reste posés comme des lampes à huile dans ce silence cerné par la forêt, la montagne, les nuages, l’automne.

La cohue de l’été semble loin. Peu de monde au rituel du matin. Je savoure la chance de n’avoir rien d’autre à faire qu’être là, posé comme une pierre qui respire, caillou poli et lumineux, tente vide.

Hier encore je pleurais à cause du temps qui passe, de mon grand-père qui claque des dents devant ce qui l’attend, de mon fils qui grandit si vite, de la bonté qui irradie de toute chose et s’enfuit aussitôt. Il reste bien du chemin à faire pour aller peut-être jusqu’au bout de ces larmes.

Esplanade vraiment déserte, on n’entend que le grondement de la rivière et le pépiement des passereaux (des chardonnerets, en fait). Guêpes. Trilles d’une charbonnière. Temps brouillé.

*

Assis face à la faille j’écoute le torrent. Je maintiens l’équilibre. Je tremble avec les hêtres. Je me tapis un peu parmi les mousses comme un bolet coupé, un faucheux incertain. Je file avec l’automne, redeviens le torrent.

*

Après-midi d’automne à nouveau lumineux, les drapeaux de prière s’agitent devant la fenêtre. Dans la tête les nuages s’espacent et découvrent un fragment de ciel vide.

Karma-ling, 4 au 17 septembre 2009

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