Route, janvier 2016

 

 

 

UNE VISION ÉTROITE

 

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Du plomb dans l’aile

et du givre au pare-brise

front bas sourcils froncés

vision rétrécie

j’avance à roue lente.

 

Toute la nuit le givre

a tissé sa toile dure

tendu ses lianes déployé ses fougères

sur le verre du pare-brise –

j’avance, j’hésite.

 

On n’a jamais du monde qu’une vision étroite

voilée opaque partielle partiale

car soumise aux parasites de nos orbites

de nos pensées, de nos histoires.

 

Pour retrouver une vision plus large

pas d’aigle ni de lynx mais disons

une vision d’homme

il faut rouler il faut parler

(sans dédaigner le subterfuge

d’une  soufflerie chaude qui n’est pas le langage).

 

Bientôt le voile se déchire

et le monde réapparaît

large net précis lumineux jusqu’au

prochain virage

et cette combe brouillardeuse

 

où fatalement la vision retrouve

ses bornes étroites.

 

 

6 janvier 2016

 

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