LA ROUTE COULE
Sous l’œil voilé de la lune
dans la pupille du chat
entre les doigts et les plis
de la vallée délivrée
la route épanche sa plaie
dans le jour qui se rallume
la route coule à flot gris
et moi rouge gorge ouverte
avec mon sang et ma peur
je coule et chante avec elle
de ma voix de vieille lune
noyée dans l’eau de la gouille
je psalmodie ces paroles
encore alourdies d’hiver
pendant que mille corneilles
se déploient au firmament
et que dégorge la terre
que dégoutte la forêt
et dévale la débâcle
dans la vallée délivrée.
26 janvier 2016