Vigie, janvier 2016

 

 

 

« JE NE FEINS PLUS… »

 

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« Je feins d’être chat chez Mallarmé… »

Le chat de Mallarmé.

 

 

Je rencontre, dans les coulisses d’une salle de spectacle à l’occasion d’un gala musical, un très alerte vieillard qui est Stéphane Mallarmé. Je m’étonne de le savoir encore en vie, et raille un peu – « Maître, vous devez avoir au moins cent cinquante ans ! »; et lui de répondre en souriant qu’il n’a, baigné en l’éternité du Poème, pas vu le temps passer, qu’il est en pleine forme et ne sent qu’à peine le poids des ans.

Longue conversation amicale pendant laquelle Mallarmé m’explique qu’après avoir franchi les portes du Néant et creusé le vers, il a trouvé un sol, retouché terre, pour devenir le peintre chinois qu’il aspirait à être. Il attend maintenant la mort avec sérénité, ayant vécu bien au-delà de tout ce qui est permis. Je le questionne encore, m’étonne de cette évolution inattendue. Il me dit que la musique l’a sauvé, et qu’il est d’ailleurs en train de composer un oratorio pour chœur et orchestre qui sera une réécriture flamboyante du Chant de la terre.

Il m’offre finalement, en guise de dédicace, un dessin de sa main représentant son chat, avec ce commentaire : « Je ne feins plus d’être chat chez… »

 

5 janvier 2016

 

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