Vigie, février 2021

 

 

 

Février se dissout

 

 

Vigiefévrier21Gelon

 

 

Les derniers frimas de l’hiver s’effacent dans la douceur de ce dernier jour de février. On regarde les amas gélatineux des pontes dans la gouille grouillante de vie. On écoute les cris des buses, la litanie des mésanges, l’appel du pouillot, le chant aigu d’un roitelet. De rares voitures glissent le long de la D207, silencieuses comme des mirages. Le bon chien blanc se couche à mes pieds, tout près d’une fourmilière grouillante de vie elle aussi…

La vie partout. La vie, l’envie, juste entravée par la laisse que le chien mord (on le comprend, mais on ne le laisse pas faire).

La vie, la vie partout qui bat dans les chants des oiseaux, le feulement de la mare, les cris d’enfants qui jouent du côté du village, la terre spongieuse sous la botte, les piqûres de bogues qui lancent un peu dans la paume et le coussinet, la force du torrent dans lequel le chien n’ose pas encore se jeter…

 

Là-haut les dômes encore tout blancs fondent comme glace au soleil et donnent la sensation que le ciel est sucré : les abeilles l’ont bien senti, qui s’affairent autour des noisetiers et des saules, souvenirs des ruchers d’un tout autre printemps…

Deux silhouettes tournent autour de la gouille comme les aiguilles d’une horloge bizarre et Février, à mesure, se dissout dans Mars.

 

 

© Lionel Seppoloni, tous droits réservés.

 

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