Vigie, février 2021

 

 

 

Journal d’une plante carnivore

 

 

Vigiefévrier21plante

 

 

Quatre années se sont écoulées depuis mon séjour à Poitiers dans l’atelier de Jérôme Bouchard, et cela fait peut-être trois ans que le manuscrit de notre livre dort dans un tiroir, presque oublié, en compagnie de quelques autres. Je l’avais bien proposé à l’édition auprès de Voix d’encre, qui ne m’avait pas répondu, et du Réalgar, qui n’avait pas aimé, mais la recherche sérieuse d’un éditeur susceptible de prendre en charge un ouvrage aussi étrange aurait nécessité un temps dont je ne dispose absolument pas, et je m’étais résolu à le laisser ainsi de côté. 

Soudain rien ne me semble plus urgent que de finaliser ce livre. Peut-être est-ce parce que je n’ai pas publié de livre depuis presque quatre ans ; peut-être est-ce parce qu’il m’est nécessaire de définitivement tirer un trait sur cette période de ma vie dont le souvenir reste particulièrement cuisant ; peut-être parce qu’il m’est difficile d’avancer vers d’autres projets d’écriture avec ce poids mort d’un livre mort-né ; toujours est-il qu’un simple message de Lionel Bedin à propos de l’auto-édition et des livres numériques a suffi pour que je me remette obsessionnellement et compulsivement au travail. J’ai lu et relu le manuscrit, en corrigeant nombre de redites et de maladresses, puis réécrit la fin. J’ai refait dix fois la mise en page, repris les nombreuses images, puis je me suis lancé dans la fabrication de mon premier livre numérique : première semaine des vacances. 

Mais le livre numérique ne me suffit pas, surtout pour un livre où les images font jeu égal avec le texte, aussi me suis-je lancé ensuite dans la préparation d’une édition papier. S’en sont suivis des jours et des nuits d’un travail ingrat, car j’avais tout à apprendre. 

Passer par Amazon ne m’enchante guère, mais il me faut bien reconnaître que leur plate-forme d’auto-édition offre la solution la plus pratique et, de loin, la plus économique. Aujourd’hui je consulte enfin les épreuves de ce nouveau livre, avec au moins autant de soulagement que pour les précédents. Ainsi vais-je pouvoir continuer mon métier d’écrivain. Ainsi puis-je avancer. Journal d’une plante carnivore, auquel j’ajoute L’attente des épreuves, journal des Bois Gravés, sera donc mon cinquième livre, que je prévois de compléter par un deuxième volume de textes et de gravures pour le mois d’avril 2021 (ce sera le septième anniversaire de la mort de Josette), et de deux ou trois autres petits volumes presque prêts. 

 

 

Puis j’apprends, après la mort de Lawrence Ferlinghetti hier, celle, attendue avec anxiété et fatalisme, de Philippe Jaccottet (on aurait pu finir par croire immortels ces vénérables vieillards…). 

 

Ce long silence, depuis la parution de Chemin de terre, s’ouvre sur un autre silence, infiniment plus long, plus mystérieux, plus opaque (ainsi qu’il l’écrivait). 

 

« C’est la fin qui nous passe le goût de jouer au plus fin » – et nous pousse à vivre, à aimer, à écrire… 

 

 

Ce contenu a été publié dans 2021. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.