Une porte rouverte (Camargue, mai 2021)

 

 

 

5.

Une porte rouverte

 

Camargue0521 01

 

La pluie arrive dans la nuit. Le jour de départ est gris, mais pas triste. Pour saluer une dernière fois les étangs de Camargue, nous décidons de parcourir jusqu’au bout la piste de Cacharel, très lentement, comme je le faisais autrefois sur les pistes de Guyane.

Passé Cacharel le paysage, cependant, est moins beau. On roule longtemps avant de trouver un coin de plage susceptible de nous accueillir pour un dernier moment de contemplation, peut-être d’écriture. Il y a là une sorte de bar ou d’auberge qui m’évoque certains lieux perdus du Pantanal. À peine sorti de la voiture, je constate deux choses pareillement déplaisantes.

D’abord, la plage est faite d’une boue noire sur laquelle il n’est pas possible de s’installer.

Ensuite, quand bien même elle serait de sable fin, il n’est pas possible d’y rester plus de quelques minutes sans s’être auparavant badigeonné d’insecticide.

Je m’étais moqué la veille du guide dans lequel j’avais lu que l’éclosion des moustiques avait lieu le 15 mai. De fait, jusqu’à hier, 14 mai, nous n’en avions vu aucun. Aujourd’hui, fidèles au calendrier de la pluie, ils sont tous de sortie, en familles, en nuées, vrombissant d’impatience printanière, et nous sommes leur unique gibier.

Comme aux meilleurs jours des volées guyanaises, j’exécute en riant la danse rituelle du touriste piqué…

 

Je garde en mémoire l’image de ce portail fermé ouvrant néanmoins sur les étendues sauvages et domestiques de la Camargue et sur ce ciel immensément gris – image qui, pour moi, reste (malgré un contexte mondial de plus en plus affolant) porteuse d’espoir et d’avenir.

 

 

 

© Lionel Seppoloni, tous droits réservés.

Ce contenu a été publié dans Divers ailleurs. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.