Route, juin 2013

 

 

L’AUTOMNE EN JUIN

 

 

Dans d’automne comme dans la nuit. Brouillard et pluie froide. Ce matin, Clément pour la première fois va à l’école, accompagné par ses grands-parents : ils partent ensemble sous la pluie battante tandis que je redescends la vallée. 

Perché sur un fil électrique une grive regarde la pluie. Des coquelicots défaits. Des chevaux trempés. Des voitures qui filent comme des hors-bords, phares allumés, dans une gerbe d’écume. Le feu orange clignotant dans la brume. Un petit garçon réfugié sous sa capuche. Le long de la route refaite à neuf, une sorte de mousse. Les gyrophares allumés du grand camion grumier qui redescend les troncs d’arbres. Les lambeaux d’écorce, la chair des arbres à vif, les longs troncs menaçants. L’attention s’égare et l’on perd le fil. Est-ce qu’il y avait un fil ? Juste de la pluie qui tombe, qui se calme, s’aggrave, et des images sans queue ni tête ni verbes conjugués ni mots de liaison. La route trempée, glissante. Beaucoup de morts sur cette route des gorges, il faut être prudent (hier encore, deux motards tués, déchiquetés, décapités, et l’on voit encore les traces du dérapage et des flaques de sang). Les camions que l’on croise provoquent de nouvelles bourrasques. Si l’on regarde bien on peut probablement voir des oiseaux voler à l’envers sur la route. (Puis voici Pontcharra où je récupèrerai mes copies du bac, comme chaque année. Un point de repère en quelque sorte. On pourra se souvenir que ce jour-là il pleuvait. Et que c’était le premier jour d’école de Clément.) 

 

24 juin 2013

 

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