Vigie, mai 2019

 

 

 

Le Ptyx

 

 

Vigiemai2019 03

 

 

À la va-vite je passe la serpillière dans la cuisine et m’affaire aux habituelles taches ménagères, lorsque j’entends quelqu’un monter par l’escalier de la cave. Ma mère apparaît dans l’encadrement de la porte. Il est normal qu’elle soit là, qu’elle arrive à cette heure. Elle porte son chemisier blanc à fleurs et son pantalon rouge de naguère, signe certain de ce qu’il fait plus doux, et elle semble plus jeune qu’elle ne l’était à sa mort. Il se dégage d’elle quelque chose de très frais, de printanier – dehors les oiseaux chantent à tue-tête. Comme nous sommes séparés par quelques mètres de lauzes mouillées, elle reste à la porte, hésite à s’avancer vers moi. Je lui dis que je suis désolé, que je l’attendais un peu plus tard, que je n’aurais pas lavé le sol à grande eau si j’avais su qu’elle était sur le point d’arriver, mais que cela sèchera vite.

Le Ptyx peut n’être qu’une étendue de lauzes noires trempées vues en rêve.

 

Au réveil je constate que le deuil dure, pas si dur puisque je ne pleure plus, mais dure, et durera tant que nous serons séparés.

 

 

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