Je mélankylose
Qu’est-ce qui mélankylose au détour du sentier ?
Qu’est-ce qui brûle sans crier gare
les bourgeons et l’espoir ?
Qu’est-ce qui blanchit
ma tête et le torrent
dont la voix a faibli
comme une voix d’enfant ?
C’est le froid, la fatigue,
c’est le givre en avril
la glace sur la gouille
qui piège les grenouilles.
On repart pourtant marcher
sur le sentier de nouveau dur
qui s’amollit à mesure
que revient le soleil
comme la peau de Galatée
sous la paume de Pygmalion.
Emporté par la buse
l’oiseau dont le plumage jonche le sol
s’est quand même envolé !
A-t-on jamais vu le givre
transformer en tombe
la gouille aux grenouilles ?
Pareille aux ramures
d’une étrange bête préhistorique
une branche bifide d’un bel acajou
brille
dans le lit du torrent.
Penchés tous deux en silence
sur une épuisette
un enfant et son grand-père.
Un insecte inconnu
sans se poser butine
une fleur inconnue.
« Il fait soleil à présent
le froid ne peut pas revenir
et la nuit ne tombera pas ! »
a protesté l’enfant
en refusant le manteau.
Quand même quand même
mon enfant sais-tu
quel mal garde en réserve
les doigts crochus de l’ombre ?
Prends ton manteau pour ce soir
et les ankyloses à venir
écoute dans la chanson de Ferré
« ces mot des pauvres gens »
qui m’ont tant fait pleurer :
« surtout ne prends pas froid. »
05/04/23