Vigie, avril 2023

  

 

Je mélankylose

 

 

 

Qu’est-ce qui mélankylose au détour du sentier ?

Qu’est-ce qui brûle sans crier gare

les bourgeons et l’espoir ?

Qu’est-ce qui blanchit

ma tête et le torrent

dont la voix a faibli

comme une voix d’enfant ?

 

C’est le froid, la fatigue,

c’est le givre en avril

la glace sur la gouille

qui piège les grenouilles.

 

On repart pourtant marcher

sur le sentier de nouveau dur

qui s’amollit à mesure

que revient le soleil

comme la peau de Galatée

sous la paume de Pygmalion.

 

Emporté par la buse

l’oiseau dont le plumage jonche le sol

s’est quand même envolé !

 

A-t-on jamais vu le givre

transformer en tombe

la gouille aux grenouilles ?

 

Pareille aux ramures

d’une étrange bête préhistorique

une branche bifide d’un bel acajou

brille

dans le lit du torrent.

 

Penchés tous deux en silence

sur une épuisette

un enfant et son grand-père.

 

Un insecte inconnu

sans se poser butine

une fleur inconnue.

 

« Il fait soleil à présent

le froid ne peut pas revenir

et la nuit ne tombera pas ! »

a protesté l’enfant

en refusant le manteau.

 

Quand même quand même

mon enfant sais-tu

quel mal garde en réserve

les doigts crochus de l’ombre ?

 

Prends ton manteau pour ce soir

et les ankyloses à venir

écoute dans la chanson de Ferré

« ces mot des pauvres gens »

qui m’ont tant fait pleurer :

« surtout ne prends pas froid. »

 

05/04/23

 

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