Vigie, mars 2024

 

Souvenirs du dehors

 

 

« Ce n’est que de l’intérieur que le gris semble triste », se dit-il une fois dehors – le héron est d’accord.

Un seul héron n’a jamais fait une héronnière, et ce nid en lequel il avait placé un espoir saugrenu n’est qu’un nid de pie.

Dans le manteau troué des feuilles mortes, les primevères se protègent, tandis qu’au bout de leurs longues tiges frêles les perce-neiges tremblent en plein vent.

L’eau et le vent font la course en fond de combe. Gerbes d’écumes autour des rochers. Poudre safran des noisetiers.

Entre les ronces lourdement affaissées, les ombrelles beiges de champignons minuscules et les fines clochettes mauves des scilles oscillent.

Il est absurde de dire que le chien vit dans l’instant : il se souvient très bien que c’est dans ce roncier l’an passé qu’était caché le faon. Le chien se souvient de la souris forestière, du sanglier, du grand cerf, et l’homme qui l’accompagne avec lui se remémore tous leurs souvenirs du dehors.

02/03/24

 

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