Vigie, mars 2024

 

Les stères du temps

 

 

Courir au soleil
à la poursuite d’un papillon
ainsi commence
le premier printemps de la chienne.

Au cri de la buse
ne répond que le corbeau :
déception mutuelle.

Quand on l’entend
depuis la lisière
le rire du pic donne au bois
des allures de mystère.

Tendu
entre les deux tentations
du champ et de la forêt
l’homme funambule en lisière.

On ne passe pas
dit le bois à chaque pas
ce à quoi les chiens têtes baissées répondent
on passe.

C’est parce que le printemps
passe vite
que l’homme marche à pas si lents.

Lente la descente
plus lente la remontée
par respect l’ombre se tait
le temps s’interrompt.

Ici il y eut un moulin
et un homme qui marchait
lentement
avec ses chiens.

Grâce au nant on n’entend plus
la tronçonneuse plaintive
occupée à débiter
en stères le temps.

03/03/24

 

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