Travaux de printemps sous le ciel blanc d’été
Profitant de l’absence momentanée de Nouchka et Rimski, je m’affaire obsessionnellement à créer au pied de la maison un nouvel et assez vaste enclos pour les chiens lorsque je suis absent, car je suis las de voir le jardin dévasté par les tranchées qu’y creusent les samoyèdes et la maison pleine de boue sitôt qu’il pleut. Ce n’est pas seulement parce que je veux de l’ordre et de la propreté, non : c’est le printemps qui exige cela, c’est le printemps qui pousse à ranger, à nettoyer, à réorganiser, à agir enfin comme le font tous les oiseaux que l’on voit passer avec des brindilles ou des poils de chien dans le bec, comme le font tous les voisins aussi dont les travaux résonnent à travers le hameau. J’interromps donc la réécriture de Ma mémoire indienne pour construire une clôture, un portillon.
La chaleur accablante et ce grand ciel blanc recouvert d’un voile diffus agressent d’autant plus que les arbres n’ont pas encore leur feuillage protecteur. Je frappe à coups de masse les énormes poteaux de bois, tends le grillage qui cisaille les doigts, aplanis le sol, dispose partout des caillebotis de caoutchouc noir dans les trous desquels je sème le gazon qui les recouvrira. Je bricole mon portillon, invente un système de fermeture, puis transporte des brouettées de grosses pierres dont je recouvre les bordures pour empêcher les chiens de creuser.
À 22 heures je travaille encore, jusqu’à ce que s’éteigne la frontale, puis je recommence au matin, entêté, obsédé, comme toujours. Pendant ce temps Élodie travaille aussi à son jardin, Nathalie et Éric se promènent avec les chiens mais Éric fait une petite chute et se fracture la cheville. Toute l’organisation des semaines et des mois à venir en sera modifiée…
07/04/24