Vigie, avril 2024

 

20 avril 2024

 

 

C’est chose étrange, et même sans doute souvent insensée, que de continuer à fêter l’anniversaire des morts en mettant à jour ce décompte virtuel qui fait dire, par exemple, aujourd’hui : eh oui, on fêterait ses quatre-vingts ans… Quatre-vingt, ce n’est pas tant que ça, elle aurait pu être en bonne forme encore et nous aurions, comme le chante de façon si touchante Clara Ysé à propos de sa propre mère tragiquement emportée par les flots en sauvant des enfants, mêlé nos éblouissements

Le fait est qu’elle n’est plus là, aussi n’est-ce presque qu’un hasard si c’est un vingt avril que nous nous retrouvons tous chez mon père, trois couples recomposés et deux grands enfants, dans cette maison de Cognin qu’il vient de refaire à neuf, à sa convenance, et qui est devenue si belle et lumineuse. C’est un moment paisible encore où l’on parle de travaux (tant qu’on en fait c’est que ça va), de santé, de cuisine ou de Céline, où l’on devise sans mesurer le temps… Au dehors il fait froid. On reste à l’intérieur, on ne promènera pas ou bien moi, seulement, au retour, avec les chiens.

Ce jour d’avril, je me souviens me l’être fixé comme date butoir pour la parution du livre mort-né, parce que j’étais pressé de passer au suivant et que je voulais quand même en faire un acte de célébration rituelle vingt ans après la parution de la première version du Grillon de l’automne, dix ans après la seconde édition. J’ai honte à présent de cet empressement qui m’a fait faire un livre que je trouve mauvais maintenant, que j’ai déjà réécrit à moitié, recomposant, déplaçant, transposant, me heurtant à des obstacles impossibles à contourner que je contourne quand même…

20/04/24

 

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