Vigie, juin-juillet 2024

 

Travaux en cours

 

 

On avance entre les très hautes herbes dans l’air étrangement frais. L’insouciance des bêtes, peu sensibles aux soubresauts politiques, ne rassérène qu’un peu. Même les mots sont traîtres, puisque le RN vient de se glisser dans ce verbe qui m’est venu de « rasséréner » au lieu de « rassurer », c’est dire.

Après deux jours passés dans ce havre que semble être devenu Paris, il m’est difficile de ne pas considérer avec méfiance cette vallée dont les habitants massivement soutiennent un parti qui est la négation de tout ce qui m’est cher. Sont-ils plus misérables que les misérables du 20e arrondissement, ces ruraux pleins d’aigreur ? Ne voient-ils pas partout autour de nous les effets du changement climatique que l’extrême-droite fait mine d’ignorer pour se nourrir de toutes les peurs, puisqu’elle ne sait faire que cela ? Mes chiens sont à leur place dans ce paysage de moyenne montagne plein de torrents et de forêts, mais moi ?

Ici comme partout, il convient d’entrer en résistance en soignant les réseaux d’entraide et d’amitié que l’on a pu patiemment tisser. Il est trop facile de détruire, de dénigrer et de se replier. On continuera plutôt à tenter de sauver ce qui peut l’être, à tenter de construire.

À la maison, je termine les travaux ordinaires, mettre en place le nouveau réfrigérateur à très basse consommation qui remplace son prédécesseur énergivore qui avait l’âge de Léo ; je range et réaménage l’atelier où chaque jour je brosse et pulse les chiens ; puis je reprends les travaux extraordinaires, ceux qu’on ne fait qu’une fois et qui modifient toute la façon d’habiter, poursuivant donc tant bien que mal la réfection de l’ancienne chambre de Léo qui va devenir mon lieu de vie et d’écriture.

La maison est vivante, elle résonne des conversations de Clément et Léo, revenu en bonne forme, quoique fort pâle, de son année tourangeoise. Malgré la menace de ce désastre collectif qui risque de donner le coup de grâce au peu qui restait d’écologie dans la politique du pays, on se réjouit de ce BTS en gestion et protection de la nature que Léo va rejoindre en septembre. On loue un gîte pour une semaine à la fin août près de Neuvic, où l’on partira accompagner Léo en famille avec son frère, Éric et Nathalie dont on fêtera les cinquante ans, et les deux chiens (les trois chats garderont la maison). Bref, on prépare la suite.

02/07/24

 

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