Des ponts entre les étoiles (Nastassja Martin aux Adrets)
Dans la nuit balayée par la pluie, sous le ciel noir de plus en plus zébré d’éclairs, sa parole savamment sauvage se déploie à son aise, mêlée à la voix de sa comparse musicienne. Elle est l’une de ces « figures du dehors » qui agrandissent l’ici de cet « ailleurs » qu’elles incarnent comme malgré elles, parce que le prix à payer est grand… L’orage, pourtant, est le plus fort, qui interrompt la performance une dizaine de minutes avant la fin prévue, et je repars déboussolé dans la nuit, complètement trempé, évitant jusqu’au bout de la route les grenouilles affolées.
Je reviens le lendemain matin, au diable les travaux, pour un moment plus informel d’échange autour des livres. Elle, partage avec humour et générosité ses éblouissements du moment. Je lui parle de Kenneth White, d’étoiles et d’éclairs je crois, et je lui lis en tremblant ce passage de son propre livre que j’ai intégré (mais je ne le lui dis pas) à la fin du mien : « Nous avons les rires qui résonnent entre les arbres, sur la rivière et dans la tempête, jusque dans les moments les plus désespérés. Leurs modulations, à elles seules, reconfigurent tout… »
Je reviens cette fois avec un sac chargé de livres, mon exemplaire d’À l’est des rêves doublement dédicacé – par l’orage hier soir, par l’auteur ce matin – prêt à reprendre dès que faire se pourra la quête (la construction) des « ponts entre les étoiles » …
07/07/24