Éclipse de châtaignier
Une corneille est juchée sur l’un des piquets du grand pré pendant que sa compagne ou son compagnon sautille dans l’herbe fraîchement fauchée. Au pied d’un bouleau pousse un lactaire couleur chamois, orangé en son centre, lamelles blanches, signe indéniable de ce que la saison avance. L’arrondi de ce châtaignier au feuillage particulièrement dense s’imbrique si bien dans la découpe des noisetiers qui bordent le chemin qu’on s’étonne chaque fois de la perfection du tableau – celui-ci, je le nomme mentalement « Éclipse de châtaignier » …
Aux Landaz, une mère et sa fille sont occupées à déplacer l’enclos des vaches. Plus haut le champ était coupé et l’herbe du sentier encore haute ; c’est ici l’inverse, les bas-côtés ayant été passés à la débroussailleuse le long du champ intact, dont les hautes scabieuses narguent leurs consœurs décapitées.
Avec Philippe on parle de l’été qui peine à s’installer. Sitôt franchi l’orée du bois, les chiens se précipitent au nant pour se tremper les pattes. L’eau des ornières ne s’est pas évaporée, mais la chaleur récente l’a transformée en boue : Rimski l’évite, Nouchka y patauge.
Comme enfin en été on transpire à grosses gouttes sous les frondaisons surchargées.
07/06/24