À la porte du printemps, toquant
Temps plus doux, feutré de brume malgré la brise froide qui agite à peine les rameaux hirsutes des châtaigniers. En lisière, plus un souffle, et le printemps murmure.
Cette grosse pierre couverte de lichen et de cailloux vers laquelle les chiens systématiquement me déportent, qu’ils reniflent interminablement avant que Rimski ne marque, pour les humains a longtemps dû être une borne, et pour les chiens une sorte de panneau de signalisation.
La glace sur la gouille m’informe que la sensation de tiédeur que j’ai ressentie en sortant est probablement assez subjective.
Le tambourinage du pic, dont le rire éclate peu après, fait toujours résonner dans ma mémoire quelque chose que j’associe à une sauvagerie ancienne, exaltante, vibrante, qui échappe au temps linéaire et toque à la porte de l’éternité.
La buse, toujours la même, s’envole du même châtaignier à l’orée du grand champ, et va se percher sur les bouleaux ou les hêtres d’en face. Je sais que les jumelles de ses yeux resteront braquées sur nous jusqu’à ce que les bois nous avalent.
Grand calme sur le vallon. On s’assoit au bord du ravin en compagnie d’une mésange noire, et l’on attend le printemps.
06/02/25