Vigie, avril-mai 2025

 

Neige d’avril

 

 

La neige molle recouvre pissenlits et pâquerettes d’une pellicule grise. Toutes les fleurs baissent la tête. Bien sûr tous les insectes se sont tus, mais les fauvettes et les grives n’interrompent pas leurs babillages pour si peu et semblent même n’en chanter que plus fort sitôt que l’averse faiblit. Bientôt seuls les arbres fruitiers semblent encore recouverts de neige.

Les deux jeunes chevreuils déguenillés et trempés broutent en lisière. On attend en bord de route le passage d’un grumier qui ne vient pas : cette rumeur inhabituelle est celle du torrent en crue. Traversant le grand pré, les chiens reniflent longuement les traces circulaires laissées par les chevreuils là où ils se sont couchés. L’averse qui a cessé dans les champs semble reprendre dans la forêt qui dégoutte de tous côtés. Le roulement sonore du martèlement du pic se répercute contre la colline en face. Ici le sol est couvert de pétales et de flocons, le froid pique un peu les doigts mais l’on entend les clarines du premier troupeau des premières vaches remontées la semaine dernière. La course d’un chevreuil isolé hystérise les chiens et l’on n’entend plus rien que leur plainte pendant quelques instants ; puis le crépitement, le tambourinage, les clarines et les trilles des mésanges reprennent possession de l’espace.

Un peu de brume reste accrochée à la colline. On voit en face dans le pré blanchi les taches sombres des vaches qui broutent l’herbe froide.

16/04/25

 

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