Journal d’un méliphile, juillet 2025

 

Utopie méliphile

 

2028. La parution du livre Meles meles, ceux que la nuit nous cachait médiatise un peu le blaireau et les associations peinent à répondre aux demandes d’interventions sur le sujet : « Mais comment a-t-on pu à ce point ignorer le blaireau ? » s’interroge un journaliste à la radio…

2029. Une pétition réclamant l’abolition de la vénerie sous terre frôle le million de signatures…

2030. La protection totale du blaireau et de ses terriers est actée, soirée festive à l’ASPAS !

2031. Les groupes d’études et de protection se multiplient en France, sur le modèle de Badger Trust en Grande-Bretagne ou de celui qui existe dans le Bas-Rhin.

2032. Mairies et départements installent au bord des routes de plus en plus de panneaux « attention, blaireaux… loutres… hérissons… » etc., offrant une visibilité inédite aux « invisibles ». La mortalité routière recule, humains compris. La faune sauvage est de mieux en mieux prise en compte dans l’aménagement du territoire et les différents chantiers.

2033. L’embauche massive d’animateurs-nature et de gardes de l’O.F.M. (Office Français de la Méliphilie) pour encadrer les pratiquants, ainsi qu’une nouvelle législation sur l’usage des caméras automatiques, permettent de pallier les inévitables dérives…

2034. De nouveaux programmes psychothérapeutiques sont mis en place sur la base du protocole : « Allons voir les blaireaux » !

2035. La politique d’accueil des réfugiés est révisée sur la base du protocole : « France, terrier d’accueil » !

2036. Une étude montre que la « fréquence absolue littéraire » du mot « blaireau » dans la littérature française est passée de 140 occurrences aux XIXe-XXe siècle à 278 577. L’auteur de l’étude constate par ailleurs la multiplication exponentielle d’ouvrages intégrant les points de vue non-humains dans la littérature et le cinéma.

2037. Les populations de blaireaux connaissent une augmentation sensible, à la suite de laquelle on relève une amélioration de la diversité et de la résilience de nos forêts et une hausse des populations de chats forestiers, renards, lièvres, petits rhinolophes, salamandres, hérissons, et même du loup et du lynx…

2038. Le lancement d’une pétition réclamant un traitement plus égalitaire des animaux « au lieu de toujours mettre en avant quelques espèces emblématiques et unanimement appréciées comme le blaireau » montre que la page du « blaireau méprisé » est tournée. Les dictionnaires mentionnent la signification injurieuse du mot « blaireau » en ajoutant : « inus., tombé en désuétude »…

 

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