Un blaireau, un seul
J’ai placé un caméra dans le grand jardin d’Élodie qui jouxte ma maison, juste devant l’une des entrées qu’elle a aménagées pour permettre le passage de la faune, à l’exception des cervidés et sangliers qui auraient tôt fait de tout dévaster. Dans la nuit, une bête est venue qui a retourné la terre à l’endroit qu’elle venait elle-même de travailler, et mis à terre un plant de maïs. Serait-ce un blaireau ? J’accours aussitôt, plein d’espoir, et reste dubitatif. On ne trouve aucune trace griffue, et le sol a été retourné de façon circulaire, ce qui évoque davantage le travail d’un sanglier que d’un blaireau. Devant la caméra, la petite entrée censée permettre le passage a été forcée, ce qui laisse peu de doute et que confirme aussitôt les images. Le petit sanglier qui est entré par une autre ouverture pareillement forcée est sorti par ici, un renard est passé également mais aucun blaireau. Élodie s’empresse de réparer pendant que je travaille moi-même à ma clôture, qu’il faut rehausser parce que Rimski hier soir a réussi à la franchir pour venir nous rejoindre au jardin.
Travaux d’automne, travaux de tous les jours dans un pays en paix. Le chemin des blaireaux qui traversent le champ est resté bien marqué, attestant de leur passage répété, ce qui attise la curiosité des chiens et mon envie de suivre à nouveau cette trace dont je sais qu’elle ne mène nulle part. Je préfère retourner rôder une fois de plus du côté des terriers périphériques. Des champignons ont poussé à l’entrée et je proteste : c’est quand même scandaleux de laisser ainsi des logements vides, sans même un renard pour assurer le gardiennage ! Sans plus y croire je fais un crochet par le terrier principal et consulte à distance la caméra placée dans l’arbre. Un blaireau qui est peut-être Vara y est passé furtivement il y a quelques heures : un blaireau, un seul.
Une mésange noire juchée sur un épicéa lance à la cantonade un appel tonitruant auquel toutes les autres mésanges répondent. S’il dort là-dessous, s’il est là, sans doute seul dans son terrier, peut-être Courage l’entend-il dans ses rêves…
17/09/25