Encore un crâne !
Mon acrobatique arrivée sur les fesses fait détaler une biche et criailler les geais. Je me redresse, pas très fier de moi, et maudissant ce lieu qui, depuis le retour des blaireaux au terrier du Villard, a perdu beaucoup de son attrait. La route fait un vacarme permanent auquel se mêle les aboiements des chiens et le grésillement des lignes à haute tension. Si je ne trouve pas trace des blaireaux, j’arrêterai le suivi de ce terrier décevant, me dis-je.
À propos de trace, en voici une belle : un crâne a été excavé, ou plus exactement la partie supérieure d’un crâne de blaireautin en assez mauvais état puisqu’il ne lui reste plus qu’une seule molaire et qu’il est recouvert de terre et de mousse. Au Villard, cette découverte avait été annonciatrice des grands travaux de Vara, peut-être en sera-t-il de même ici ?
Une rapide inspection des gueules me montre que le déblaiement n’a en tout cas nullement commencé. Les deux caméras ont filmé les va-et-vient d’un écureuil dont je connais désormais les cachettes, d’un renard à la queue gonflée comme un ballon qui a fourré son museau à l’intérieur du terrier, d’un chevreuil et d’une martre qui ont fait de même, ainsi que de deux blaireaux qui n’ont déclenché le piège que quatre fois en tout. Ce maigre résultat me pousse à reprendre la caméra Bushnell que j’avais si remarquablement camouflée (je l’installerai demain matin au Villard) et à déplacer l’autre de façon à surveiller la partie centrale où sont concentrées plusieurs gueules importante et où j’ai trouvé le crâne, qui a probablement été sorti d’une autre gueule située plus haut.
Je repars dans la nuit en faisant attention aux bêtes qui traversent nombreuses, hagardes, affolées, puis retourne relever les caméras du Villard qui m’offrent de belles images de Vara, bouddha un brin obèse, se grattant, en compagnie de Prudence-Oreille marquée…
28/09/25
