Journal d’un méliphile, octobre 2025

 

La preuve par l’image

 

 

Voilà, c’est confirmé : Vara et les deux blaireautins sont tous trois revenus au terrier, la dispersion n’a pas eu lieu et les petits devenus grands ont survécu.

C’est un grand jour que ce deuxième d’octobre où je découvre enfin l’image que j’espérais. Je n’avais pas vu ainsi rassemblés le trio de la blairelle et de ses deux blaireautins depuis le 28 juillet. Certes, depuis leur retour au terrier il y a une quinzaine de jours, les indices s’étaient accumulés (les jeux, les attitudes, tous ces petits riens qui permettent à peu près de les différencier), mais il manquait la preuve ultime… Cela me ravit (la survie des blaireautins malgré la sècheresse estivale n’était pas assurée), cela m’instruit (les blaireautins adultes restent auprès de leur mère, même s’ils ne partagent pas toujours la même gueule du même terrier) et cela me rassure (mes observations sont validées, je n’avais pas rêvé en projetant mes désirs sur leur réalité). Il aura tout de même fallu ces quinze jours d’observation et l’installation de cinq caméras avant d’obtenir ces images, ce qui en dit beaucoup à la fois sur la discrétion des blaireaux et sur leur façon paradoxale (disons, fluide et distante) d’être ensemble.

Ce soir-là, un peu avant vingt heures, Prudence-Oreille marquée sort la première par la gueule 3, accompagnée de Courage qui en profite pour ratisser quelques feuilles et surtout procéder au rituel marquage anal après une bonne séance d’épouillage mutuel. Après avoir ainsi marqué sa sœur, qui continue à se gratter devant l’entrée, Courage, encore visible dans l’arrière-plan, s’en va ratisser pour de bon l’esplanade. Vara émerge alors : ça y est, ils sont trois dans le champ. Une autre caméra le montre marquant aussi le sol de l’esplanade – il semble que le jeune mâle soit celui qui pratique le plus ces marquages. Vara et Prudence restent seules au terrier, la différence de poids de la blairelle obèse étant ici particulièrement visible. Le toilettage mutuel se poursuit. Les piles s’épuisent, la caméra principale se met à clignoter et la scène devient plus difficile à suivre, mais je comprends grâce aux autres caméras que Vara s’en va à son tour, bientôt suivie de Prudence. Tous trois semblent suivre la sente odorante   laissée par Courage. Rien n’a changé, en somme, si ce n’est que Courage prend la tête. Le tour cependant est bref, puisque quelques minutes plus tard tous trois sont de retour à la gueule 3, sans doute après un passage par les latrines dont je n’ai pas encore repéré le nouvel emplacement. Nouveau marquage anal de Courage sur l’une des blairelles.

Disparitions, réapparitions, éloignements, retrouvailles, les allées et venues se poursuivent ainsi tout au long de la nuit. Vara rentre seule à 6h34, mais je sais désormais que les blaireautins ne sont pas loin.

02/10/25

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