Journal d’un méliphile, octobre 2025

 

L’abandon de la Citadelle

 

 

Rien n’a changé au grand terrier de la Citadelle, où la caméra laissée dans un arbre n’a enregistré que deux passages de blaireaux cette dernière semaine (je passe sur les mulots, le chat domestique et l’écureuil).

Je sais qu’ils sont furtifs, mais il est clair à présent qu’une seule gueule est utilisée, celle que Strella avait tantôt dégagée. Comment expliquer un tel abandon, que la douceur prolongée de septembre ne peut plus justifier, mais qui illustre à quel point le nombre de blaireaux présents n’est pas corrélé à l’ampleur d’un terrier ? Peut-être ce clan jadis nombreux a-t-il payé un lourd tribut à la route trop proche. Et puis, le louvetier de l’O.F.B. qui m’avait mis sur cette piste en me disant qu’il y avait là des blaireaux par dizaines avait également précisé qu’il avait quand même bien fallu « intervenir » sur demande d’un agriculteur… Si « régulation » il y a eu, on peut dire qu’elle a été efficace.

Je cherche encore partout des traces d’occupation, d’activité, et même des crânes en contrebas qui auraient pu rouler. Les fils de la ligne à haute tension grésillent, la rumeur de la route couvre celle de la forêt. Je ne trouve rien, je ne vois rien, et décide finalement de retirer la dernière caméra pour la mettre au terrier du Villard. Je reviendrai de temps en temps, et au printemps surtout, pour voir s’il y a des blaireautins, mais cette Citadelle des espoirs déçus décidément me déprime.

Que ses occupants survivants me pardonnent, et puis surtout qu’ils repeuplent s’il se peut leur beau et grand terrier – ou bien migrent jusqu’au mien, à l’intérieur de la vallée, en cette arche du Villard où l’on se sent encore si trompeusement protégé…

08/10/25

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