Vigie, décembre 2014

 

 

 

LE FEU

 

 

Ma cheminée est un théâtre 

Où l’on ne joue qu’un seul auteur : le feu

J’ai pris ma place devant l’âtre

C’est un spectacle pour les vieux…

 

Claude Nougaro

 

 

Ce soir on rallume le feu. Ce n’est plus si courant : je préfère réserver les bûches pour les pannes de pompe à chaleur, car l’usage répété de la cheminée me fait saigner du nez. Passons. 

 

Aussitôt les enfants s’emparent d’une chaise et, cessant toute autre activité, prennent place devant l’âtre. On écoute la chanson de Nougaro, puis juste le bruit des flammes. « Tu es pour le feu ou pour le bois, papa ? – Pour les cendres. Elles gagnent à coup sûr. »

 

Je me souviens avoir été, enfant, sensible à la sensualité des flammes (Nougaro : « Regardez-les ces chaudes gamines, batifoler à qui mieux-mieux / Je leur sers des serments de vigne / Ça leur fait dresser les cheveux… »). Je me souviens avoir lu alors dans le foyer ouvert de la cheminée familiale la promesse d’une vie assez semblable à celle que je vis maintenant. Je ne sais pas ce que les enfants y voient. Le combat du bois et du feu, de l’ombre et de la lumière ? Des esprits ? Une projection de leur attente, assez ardente ce soir-là ?

 

Je n’écrirai pas de poème sur le feu. Le simple fait d’être assis devant le feu est déjà un poème complet, qui n’appelle nulle glose.

 

Un poème. Une chanson. Une danse. Une façon de faire flamboyer notre attente. Et puis : « des braises dans la poudre grise – feu le feu… »

 

 

24 décembre 2014

 

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