GIVRE BREF
À Franck Lemonde, pour nos retrouvailles !
Givre bref aux dentelles
déchirées
parcourues d’étincelles
qui ne scintillent pas
qui ne réchauffent pas
mais soudain percent
les lignes noires de la nuit.
Givre bref aux éclats
de feu froid emportés
par les remous du jour
trop court, dont certains restent pris
dans la glace lisse des flaques
que les enfants brisent à bons coups de talon
avant qu’on ait pu déchiffrer
le plan secret, la carte
qui y était tracée.
Givre bref comme une amitié
retrouvée, la mémoire
d’anciens solstices où la
lumière au fond des cours
cernées d’immeubles nous parvenait
moins qu’aujourd’hui, encore,
bien moins, tu sais…
Givre bref
qui s’efface
tandis que les enfants secouent
les herbes, les rameaux
rient de l’averse froide et puis
sans le savoir, sans le vouloir
précipitent
la fin de feu ce jour.
Tu plisses les yeux
à l’orée du Grand Creux
acquiesces
à ce spectacle bref
sur lequel tombe tôt
le rideau
de la plus longue nuit.
22 décembre 2014