Vigie, avril 2008

 

 

RESPIRE

 

Dix-huit heures, temps froid et lumineux, soleil voilé. Le thé fume un peu, ce thé noir du Yunnan que je n’avais pas bu depuis longtemps. Goût âcre, frisson. Le pouillot compte ses écus, les bêtes font cercle dans le jardin autour de la mère et de l’enfant. Une corneille est passé en croassant, que l’enfant depuis imite obstinément ; puis il aperçoit son reflet dans la tasse de thé et s’exclame : « Lo ! Lo !

– Tu vois Léo ?

– Naan !… »

Étrange sensation d’avoir soudain été transposé par un dessinateur facétieux d’une époque à une autre, d’un climat à un autre : le balcon de bois sombre de Rémire, le jardin au manguier, les voici de nouveau — mais c’est une terrasse (même couleur de la rambarde), et les manguiers sont devenus châtaigniers et bouleaux…

Tout de même on respire, on respire bien mieux.

 

5 avril 2008

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