Vigie, mars 2017

 

 

 

LE VENT

 

Vigiemars2017vent

 

Toute la nuit le vent souffle en bourrasques inhabituellement violentes. Je me lève pour raccrocher le volet, lit un moment pendant que le vent continue à siffler, puis me rendors et rêve d’un grand appartement lumineux dans lequel ma mère et mon père s’installent. Clément court autour d’elle, Clément tel qu’il est aujourd’hui et tel qu’elle ne l’aura jamais vu. Elle, est radieuse, insouciante de sa disparition qu’on sait proche ; elle parle du futur, de ce qu’elle fera quand elle aura quatre-vingts ans – mais je sais, moi, qu’elle aura à jamais septante ans tout rond, pas une année de plus, et je me détourne pour cacher mes larmes.

Le soir tombe. On regarde passer à la fenêtre des girafes, des zèbres, des gnous, car cet appartement donne sur une vaste savane (j’ai habité bien des demeures dans mes rêves, souvent au bord de l’océan, mais encore jamais au bord d’une savane). Au matin elle est morte et l’on vide l’appartement de tous les objets, de toutes les images rappelant sa présence. Les rafales sont plus rares. Trois chaises ont été emportées dans le jardin, quelques babioles, mais il n’y a pas de dégâts visibles ; puis la pluie succède au vent.

3 mars 2017

 

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