Une parenthèse en Ardèche (Joyeuse, octobre 2020)

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C’est un peu futile, sans doute, ce besoin de quitter la maison pour en louer une autre afin de fêter ailleurs un anniversaire (en l’occurrence le quatorzième de Léo) qu’on aurait aussi bien pu célébrer au Villard, et ceci alors que le pays traverse une crise sanitaire sans précédent qui devrait nous pousser d’emblée à la réclusion, sans même qu’il soit besoin d’annoncer le couvre-feu officiel qui surviendra pendant ce court séjour, ou le re-confinement qui lui succèdera peu après ; c’est un peu futile, peut-être, mais ce genre d’escapades plus que jamais permet de rouvrir au sein du texte ordinaire de la vie une de ces parenthèses sans lesquelles les paroles perdent tout sens et ne sont plus que du bavardage.

 

L’idée de départ était de marquer cette étape symbolique de notre vie de famille en retrouvant certains des lieux que nous avions visités cinq ans plus tôt : le « rocher des curés » à Chapias, le bois de Païolive cher à Gil Jouanard (son livre dans la besace), Vallon Pont d’Arc et la réplique de Chauvet (qu’on ne verra cette fois encore qu’en coup de vent, tant les visites y sont hâtivement expédiées, et avec aussi peu d’enthousiasme que la dernière fois – mais ce sera prétexte à reparler d’art pariétal et à montrer aux enfants le film d’Herzog), tout en allant visiter alentour la grotte de la Cocalière, le château de Vogüé, le bourg de Balazuc, voire d’aller se promener du côté de la maison des Lettres de Gourgounel de Kenneth White (mais le temps exécrable ne le permettra pas).

 

Il y avait du défi dans l’air : partir avec cinq enfants, deux saxophones, une flûte, une guitare et mon accordéon de concert (sans compter les courses de la semaine) impliquait de prendre deux voitures, et donc, pour moi, de conduire plusieurs heures pour aller du Villard à Joyeuse, puis slalomer toute une semaine en évitant l’accident (cette épreuve, je l’ai passée victorieusement et sans angoisses excessives, puisque j’ai ramené la voiture presque intacte, à peine rayée, par la seule faute des ruelles vraiment trop étroites de Vallon Pont d’Arc…).

 

Il y avait aussi et surtout cet enjeu essentiel de savoir s’il serait possible de construire, à partir d’une « belle parenthèse », un nouveau texte pour demain…

 

Joyeuse-Le Villard, octobre-novembre 2020

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