Filant vers le futur
Une mer menaçante roule au-dessus de nos têtes. Un morceau de toile accrochée à un fil claque comme un hauban. Les jeunes feuilles des bouleaux, les hautes herbes tremblent, le pelage des chiens ondule au vent. Comme les herbes ont poussé ! me dis-je en constatant que Nouchka dans le champ est à moitié cachée. Quand le vent tombe on sent à nouveau la tiédeur des jours passés que la neige va bientôt emporter, brûlant les pousses, mettant une fois encore en péril la fructification, mais qui reviendra ensuite et triomphera. Une petite lumière brille à la fenêtre de la maison bleue cernée par de grands nuages anthracite. Tête baissée on pénètre dans la forêt sombre en suivant les lampes des deux chiens. Qu’est-ce qu’ils ont d’ailleurs, ces deux chiens, à courir comme ils font sur le sentier, tellement pressés d’attraper, quoi, le chevreuil du temps, l’orage à venir, la cataracte du futur qui mugit en contrebas ?
Moi aussi je presse le pas, parce que résister est épuisant. S’il faut filer vers le futur, filons, fonçons, droit dans le mur.
15/04/24