Vigie, octobre 2024

 

L’abondance

 

 

C’est une belle fin d’après-midi d’octobre ensoleillé, avec d’immenses nuages blancs qui s’élèvent dans le ciel bleu pâle au-dessus des prés encore verts, toujours trempés, où paissent les abondances. Deux pigeons colombins font un tour au-dessus des sapins. On pénètre dans le sous-bois jonché de feuilles de chêne, de hêtre et de châtaignier.

Je m’embusque un long moment parmi les feuilles. J’écoute je regarde. Les feuilles tombent sur les feuilles. Une chauve-souris voltige entre les troncs, il n’est pourtant pas si tard mais la lumière passe peu, et décline. Quand on reste ainsi assis et silencieux dans la forêt, tout devient solennel. Un oiseau inconnu lance un appel sonore. Rimski pose sa patte sur mon épaule et je songe à Léo qui aura dix-huit ans demain.

Puis on redescend jusqu’au Gelon, d’où le grand héron gris s’envole pesamment, silencieusement. L’odeur des balsamines est encore présente, mais de plus en plus végétale, et supplantée par l’odeur des ronces. Je guette les chevreuils, je guette les traces sur le sol. Est-ce que le loup de temps en temps emprunte ce sentier ? Qui, à part les sangliers, passe par cette châlée ? Un piège photographique bien camouflé ici me le dirait… Est-ce qu’un jour reviendra le temps de l’abondance, avec partout des cerfs, des chevreuils, des lynx et des loups, et pourquoi pas des gloutons, des élans, des daims et des chacals dorés ? Je veux bien des ours aussi, et des saumons remontant le Gelon !

Une odeur de jasmin m’arrache ma rêverie, me déporte vers une autre…

22/10/24

 

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