Première neige

La première neige tombe enfin, le premier froid vraiment vif rassure : ainsi l’hiver est-il au rendez-vous, bien piquant, avec ses odeurs de fumée et de gel. Aux feuilles arrachées par le coup de vent d’avant-hier se mêlent celles que le gel a brisées et que recouvre à peine cette fine couche de neige.
Comme hier le brouillard, la neige aujourd’hui semble retenue à l’extérieur de la forêt, cathédrale protégée, car les flocons ne tiennent pas sur la litière chaude des feuilles. Tout au plus les arbustes et les troncs renversés sont-ils saupoudrés de blanc dans les trouées.
Peu de mots, plus de neige.
Il neige cette fois à gros flocons qui s’immiscent jusqu’au pied des arbres (qui naturellement s’en fichent, leur sève en paix, ils n’ont plus qu’à attendre). Les blaireaux Cheg et Vara, je ne m’inquiète pas trop pour eux : à en juger par la quantité de feuilles que je les ai vus amasser ces dernières nuits, ils doivent être bien au chaud. Il n’en est pas de même pour les oiseaux, dont les vols furtifs et muets se sont interrompus quand l’averse a repris, ni pour les chevreuils tapis au fond du bois et que la chasse inquiétait déjà bien assez.
Rimski fait des roulades dans le champ enneigé, Nouchka se jette sur lui en grognant de plaisir. Pour les Nordiques, un jour de neige est jour de fête. Les voici qui creusent la neige, puis la terre. Moi je reste à écouter crépiter les flocons.
La montagne a disparu. Paysage de neige.
22/11/24


