Quelques lumières encore, & seulement
La lumière rasante éclaire encore le village d’une lumière chaude partout creusée d’ombre. Sur le pas de sa porte le voisin parle de son accident. La neige est criblée d’abeilles mortes. Pour la troisième fois le chat Plume ramène le rouge-gorge trouvé raide dans la neige, et grogne quand on s’approche. Hier, c’est un bois de cerf que Rimski a ramené en triomphe (je le lui ai échangé contre une friandise et la relique a rejoint ma collection).
Sur le chemin de la forêt la neige fond lentement, dévoilant de nouveau la stèle aux lichens. Je remonte à rebours la piste qu’on a tracée hier avec Léo en une marche murmurée qui, sitôt achevée, s’est muée en l’un de ces souvenirs heureux qu’on mâchonne quelques années plus tard en se disant que la vie valait d’être vécue.
Un chevreuil aboie en bas du ravin, vers le Gelon dont le mugissement printanier résonne très fort dans ma tête et la combe ; puis il détale, et l’on entend un coup de feu…
Ce n’est pas l’heure des regrets, des bilans ni des projections. C’est l’heure de s’asseoir au pied du hêtre, en lisière, pour regarder le soir tomber – dans cinq minutes il fera nuit…
28/12/24