Première neige
Sur les dernières images capturées par la caméra, on voit les mulots forestiers, l’arrière-train d’un sanglier qui est passé à toute vitesse en soulevant les feuilles derrière lui, un chevreuil embusqué : je regarde cela en hâte, quand les premiers flocons se mettent à tomber.
Première neige, que l’on sentait venir. Les samoyèdes bientôt paraissent moins blancs, couleur du beurre, comme les ours polaires. Ciel très gris, très bas, percé d’éclats ; champ d’un blanc étrangement sombre et intense, troué de brindilles hirsutes ; et les deux samoyèdes qui traversent tout ça.
C’en est fini des papillons, ceux qui voltigent ne sont plus que de neige.
La petite chenille vert tendre de la noctuelle d’avant-hier a dû finir dans le gosier d’un oiseau dans les minutes qui ont suivi mon passage – mais si d’aventure elle a survécu, la voici congelée.
J’aime ce mouvement de torsion qu’a conservé le tronc du petit pommier mort du grand pré. On peut y voir un mouvement qui perdure post mortem.
C’est le grésil à présent qui grésille sur les feuilles des chênes que la neige n’a pas encore recouvertes. Tout partout dans la forêt dégoutte bruyamment. Le bois grouille d’une vie que les chiens célèbrent à leur façon, en humant, en hurlant, en grattant, en creusant.
Le pré en pente derrière la maison où l’on faisait autrefois faire de la luge aux enfants est strié de traces fraîches qui déjà disparaissent.
09/12/24