Vigie, janvier 2025

 

Tant de messages brouillés

 

 

Temps très gris, neige flasque, et la crasse qui affleure. Les chiens protestent un peu parce que je ne les laisse pas déterrer le campagnol dont ils perçoivent la présence, puis ils foncent vers la lisière, avides d’hiver, de terre retournée et d’odeurs musquées. Rimski comme chaque fois défèque au-dessus du Grand Creux, emplacement stratégique. Il y a partout des traces de cerfs, et tant de messages brouillés… On glisse sous le ciel gris. On s’accroche sur l’herbe trempée. Le héron gris s’envole de la gouille et va se percher sur le grand châtaignier (salut, le héron, ça faisait un bail qu’on ne t’avait pas vu…).

Soudain surgit entre les arbres une chevrette qui presse à peine le pas quand Rimski et Nouchka aboient. Je les ramène près de moi, les fais taire en les flattant. On s’assoit tous les trois en silence, et la chevrette s’éloigne assez tranquillement dans la neige, laissant derrière elle le paysage comme nimbé de son apparition.

Sur les images nocturnes défilent des cohortes de sangliers qui viennent se rouler dans la souille après avoir soigneusement mélangé la terre et l’eau, puis une biche fait de même en plein jour – avec la maladresse inhérente à ses trop longues pattes, car le sanglier est mieux profilé qu’elle pour ce genre d’exercice… Passent aussi un couple de renards ainsi qu’un solitaire à la gueule de travers.

Rimski et Nouchka luttent comme des oursons, se mordant, se renversant alternativement. La neige rosit à mesure que le soir tombe.

03/01/25

 

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